De nombreux élèves rencontrent des difficultés dans leur parcours scolaire, qu’il s’agisse de retards passagers ou de troubles d’apprentissage plus profonds. Pour mieux comprendre cette distinction, , nous avons interviewé Barghaoul Imane, orthophoniste spécialisée dans les troubles d’apprentissage et neurodéveloppementaux, co-fondatrice du centre pluridisciplinaire « Le Monde des Psy », enseignante, membre de l’association marocaine Génération Dys, et trésorière de l’Association des Parents d’Élèves du Lycée Français International Jean Charcot (APE-LIC). Elle partage avec nous son expertise pour éclairer et accompagner les parents et enseignants face aux troubles « dys ».
- Peux-tu nous expliquer la différence entre un retard scolaire et un trouble des apprentissages (dyslexie, dyscalculie, dyspraxie…) ?
Dans le cas d’un retard scolaire, l’élève n’a pas acquis des compétences académiques adaptées à son âge pour diverses raisons, comme l’absentéisme. Souvent, un soutien scolaire est suffisant pour l’aider à « rattraper son retard ». Cependant, si les difficultés persistent malgré ce soutien (pendant 3 à 6 mois), il est essentiel de consulter un professionnel de la rééducation pour identifier les apprentissages non automatisés.
Il est important de noter que tous les élèves en retard ou en échec scolaire ne sont pas forcément « dys », et certains enfants « dys » ne sont pas toujours diagnostiqués.
- Qu’entend-on exactement par troubles « dys » ?
Les troubles « dys » sont des troubles spécifiques des apprentissages d’origine neurodéveloppementale. Ils concernent des enfants ayant une intelligence normale, un environnement social adéquat, et ne présentant pas de problèmes sensoriels (vue, audition), psychiatriques ou neurologiques identifiables. Ces enfants éprouvent des difficultés à :
- Lire, écrire, orthographier, calculer
- S’exprimer ou se concentrer.
Selon la classification DSM-5, les troubles spécifiques des apprentissages comprennent :
- Le trouble spécifique des apprentissages avec déficit en lecture (dyslexie)
- Le trouble spécifique des apprentissages avec déficit de l’expression écrite (dysorthographie)
- Le trouble spécifique des apprentissages avec déficit du calcul (dyscalculie).
Ils sont souvent associés à :
- Un trouble du langage oral (dysphasie)
- Un trouble développemental de la coordination (dyspraxie), incluant certaines formes de trouble de l’écriture (dysgraphie)
- Des déficits de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH ou TDA).
Ces différences ne sont pas des handicaps, car chaque enfant est unique.
- Quelles sont les causes des troubles spécifiques des apprentissages ?
Les troubles des apprentissages sont d’origine neurodéveloppementale. Ils résultent d’un dysfonctionnement des réseaux cérébraux impliqués dans les fonctions cognitives.
- Quels sont les signes d’alerte que devraient connaître les parents ?
- Fatigabilité dès les premières semaines de classe ;
- Difficultés de concentration et attention diffuse ;
- Problèmes de mémorisation et de traitement des informations ;
- Difficulté à tirer des leçons de ses erreurs ;
- Oublis partiels ou complets des consignes, même en cours d’exercice ;
- Lenteur dans l’exécution des tâches scolaires (lecture, écriture) ;
- Confusions visuelles et/ou auditives de lettres ;
- Niveau très faible en orthographe par rapport à la norme ;
- Difficultés à s’exprimer par écrit (rédaction ou compréhension des consignes).
- Quelle est la prise en charge appropriée pour ces troubles et vers qui s’orienter ?
Les troubles spécifiques des apprentissages sont durables, mais une prise en charge adaptée permet de compenser les fonctions déficientes.
Des interventions en orthophonie, psychomotricité ou avec un psychologue permettent à l’enfant de développer son potentiel scolaire. De plus, ces troubles nécessitent des adaptations pédagogiques dans le cadre scolaire pour soutenir l’élève.
Contact de Barghaoul Imane: +212 648 57 73 27
Instagram: @orthophonie_eljadida