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Relation parent-enfant : les vacances d’été nous rapprochent

Mme Ilhame Bennani, vous êtes fondatrice du cabinet « j’éduque positivement », experte en éducation positive et coach familial, pouvez-vous nous rapprocher davantage de votre parcours ? 

J’ai fait des études en Economie et Gestion des entreprises avec un Master en Econométrie. Après une expérience en tant que chef de projets dans une agence de communication, j’ai décidé de quitter le salariat et de me dédier à ma passion : La psychologie de l’enfant et l’éducation. Dans ce cadre, j’ai suivi des formations certifiantes en discipline positive à travers l’Association Américaine de la Discipline Positive ainsi qu’un parcours en coaching familial et parental. Je suis également certifiée en thérapies brèves. C’est ainsi qu’est né « J’éduque positivement », qui est un cabinet de coaching, de formations et d’accompagnement ayant pour mission d’orienter les parents et les éducateurs dans leurs démarches éducatives.

D’où vient votre passion pour l’éducation positive ?

J’ai toujours été passionnée par le monde de l’éducation et la petite enfance. Bien que j’aie un parcours complètement différent. En 2015, enceinte de mon aînée, je me posais un tas de questions sur son éducation. De nature conciliante, ma petite voix intérieure m’a toujours murmurée que je pouvais éduquer sans punir, menacer, faire peur ou faire la morale. C’est ainsi que j’ai adopté la discipline positive qui est basée sur la communication non violente. Quand ma fille avait 2 ans et demi, j’ai décidé de me former pour pouvoir accompagner les parents et les éducateurs. Étant profondément convaincue que l’éducation est la base d’une société consciente et responsable, j’ai fondé en 2019 le cabinet j’éduque positivement qui offre aujourd’hui des formations, des séances individuelles et des conférences aussi bien pour les parents que pour les établissements scolaires.

En tant que parent, comment pouvons-nous mieux comprendre la discipline positive et son rôle dans l’éducation saine des enfants ?

La discipline positive (DP) est avant tout du bon sens. En tant que parent, dès que nous adoptons des méthodes éducatives violentes, nous culpabilisons mais nous continuons à les reproduire. C’est à ce moment-là que le besoin de travailler sur notre posture se manifeste, c’est le déclic ! La DP est donc un travail sur notre enfant intérieur, nos émotions et notre mode de fonctionnement. Aujourd’hui, les neurosciences ont prouvé que les violences éducatives nuisent au développement du cerveau de l’enfant, que ce dernier a besoin de relations empathiques et bienveillantes pour se développer de façon optimale. Ce résultat ne peut être obtenu sans y joindre la fermeté qui procure à l’enfant un sentiment de sécurité affective. D’où l’importance d’adopter la discipline positive qui est basée sur la fermeté ET la bienveillance simultanément.

Souvent, on confond discipline positive et laxisme, or cette méthode éducative est loin d’être laxiste. Il s’agit d’une approche qui accorde à l’enfant le respect et la dignité dont il a besoin, qui le traite dans sa globalité, qui respecte à la fois les besoins de l’enfant et ceux de l’adulte et qui privilégie le développement des compétences de l’enfant pour devenir un adulte assumé, responsable et autonome.

L’été rime souvent avec liberté, mais représente également une phase de transition, y’a-t-il un impact caché sur le comportement des enfants, en dehors de l’excitation pour les vacances ? 

Je dirais plutôt flexibilité. Pendant les vacances, le rythme de vie des familles a tendance à changer, on est moins exigeants en termes d’horaires de sommeil et de repas. Nous changeons, et d’ailleurs c’est ce que je recommande aux parents, les routines du matin et du soir. Le fait de distinguer le rythme scolaire de celui des vacances n’aura pas forcément d’impact négatif sur le comportement de l‘enfant, les enfants ont une grande capacité d’adaptation. Il suffit de les impliquer dans l’établissement des routines que vous pourrez réajuster à la veille de la reprise scolaire.

En tant que parent, quelles sont les attitudes à favoriser pour aider l’enfant à bien vivre ses vacances et s’épanouir ?

L’épanouissement de l’enfant passe par le renforcement de ses sentiments d’appartenance et d’importance. Ainsi, je vous suggère d’impliquer vos enfants dans les choix des activités, les tâches familiales et la prise de décisions. L’un des facteurs qui favorisent l’épanouissement de l’enfant est le temps de qualité qu’il passe avec chaque parent séparément. Vous l’aurez compris, privilégiez des moments à deux où vous vous rendez entièrement disponibles (mentalement, émotionnellement et physiquement), sans oublier les moments en famille. Avant certaines sorties, et dans l’optique de passer de bons moments ensemble, mettez en place un cadre AVEC vos enfants pour éviter toutes sortes de punitions ou privations qui ont tendance à les faire sentir mal.

Partir en voyage avec un enfant, surtout en bas âge n’est pas toujours synonyme de détente pour les nouveaux parents en particulier, quels sont vos conseils pour les aider à mieux vivre leurs vacances ?

Cela peut être fatigant mais tellement enrichissant pour l’enfant et sa relation avec ses parents. Le premier facteur serait de choisir la bonne destination où enfants et parents pourraient s’épanouir. Ensuite, veillez à ce que leurs besoins physiologiques soient satisfaits et pensez à les impliquer dans les préparatifs des vacances : choix de la destination, lieu d’hébergement, repas, activités, rangement des valises. Cela renforce les sentiments d’appartenance et d’importance qui les aident à mieux se comporter. Aussi, selon leur âge, je vous invite à booster leur sens d’autonomie et de responsabilité. Très jeunes, ils sont capables de faire leurs valises, de préparer leurs petits sacs à dos avant les sorties : casquette, maillot, serviette, gourde… Ce qui peut rendre les vacances avec des enfants en bas âge fatigantes est le fait de vouloir tout faire pour eux. Ce n’est bénéfique ni

pour l’enfant ni pour le parent. Il est donc important de les responsabiliser et d’avoir une bonne organisation.

Quelles sont les activités que vous recommandez pour favoriser le bien-être, le jeu et l’amusement en famille ?

Les jeux de société qui permettent à l’enfant de développer ses compétences psycho-sociales. Une balade à vélo, à trottinette ou aux rollers, du jardinage, des promenades, des moments de lecture d’histoires, une soirée pyjama, un puzzle à faire ensemble, des albums photos, préparer des gâteaux, faire des activités créatives ou du bricolage, regarder un programme télé ensemble, jouer à cache-cache, au foot, sauter ensemble, courir… et surtout écouter les choix et  préférences des enfants en termes d’activités.

Les vacances sont également une période d’exploration, comment stimuler la curiosité des enfants et accompagner leurs découvertes ? 

Toutes les saisons sont bonnes pour stimuler la curiosité de l’enfant. Ce qui peut être profitable pendant les vacances est le temps dont disposent les parents. Effectivement, ce temps est à exploiter pour accompagner cette curiosité naturelle chez l’enfant. La meilleure manière de le faire est de laisser l’enfant terminer l’activité en-cours et ne pas l’interrompre même pas pour émettre un commentaire. Evitez de lui interdire de toucher aux objets qui l’entourent et essayez de répondre à toutes ses questions, notamment aux « pourquoi ? », de passer un maximum de temps dehors en contact avec la nature, de le laisser explorer son environnement et surtout d’autoriser les erreurs.

Pendant les vacances, les parents passent plus de temps en compagnie de leurs enfants, comment profiter de cette période pour renforcer les liens familiaux ? 

Le temps dont nous disposons pendant les vacances est une chance ! J’invite tous les parents à en profiter pour passer du temps de qualité avec leurs enfants, loin des smartphones. C’est le moment de sortir leurs vieux jeux de société, de lire des histoires, d’inventer des jeux : devinettes… C’est le moment également de se rendre aux parcs, à la forêt et à la plage ou tout simplement de profiter des repas sans télévision.

Tous ces moments partagés en pleine conscience viennent remplir le réservoir d’amour des enfants, ancrer des souvenirs agréables dans leurs mémoires et nourrir leurs sentiments d’appartenance et d’importance, indispensables à leur épanouissement.